POURQUOI
SÉCURISER SON INFORMATIQUE ?
Alors que le numérique fait désormais partie intégrante de nos vies personnelles et professionnelles, la sécurité est trop rarement prise en compte dans nos usages. Les nouvelles technologies, omniprésentes, sont pourtant porteuses de nouveaux risques pesant lourdement sur les entreprises.
Par exemple, les données les plus sensibles (fichiers clients, contrats, projets en cours…) peuvent être dérobées par des attaquants informatiques ou récupérées en cas de perte ou vol d’un ordiphone (smartphone), d’une tablette, d’un ordinateur portable. La sécurité informatique est aussi une priorité pour la bonne marche des systèmes industriels (création et fourniture d’électricité, distribution d’eau…). Une attaque informatique sur un système de commande industriel peut causer la perte de contrôle, l’arrêt ou la dégradation des installations. Ces incidents s’accompagnent souvent de sévères répercussions en termes de sécurité, de pertes économiques et financières et de dégradation de l’image de l’entreprise.
Ces dangers peuvent néanmoins être fortement réduits par un ensemble de bonnes pratiques, peu coûteuses, voire gratuites, et faciles à mettre en œuvre dans l’entreprise. À cet effet, la sensibilisation des collaborateurs de l’entreprise aux règles d’hygiène informatique est fondamentale et surtout très efficace pour limiter une grande partie des risques. Réalisé par le biais d’un partenariat entre l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (ANSSI) et la CGPME, ce guide a pour objectif de vous informer sur les risques et les moyens de vous en prémunir en acquérant des réflexes simples pour sécuriser votre usage de l’informatique. Chaque règle ou « bonne pratique » est accompagnée d’un exemple inspiré de faits réels auxquels l’ANSSI a été confrontée.
1 / CHOISIR
AVEC SOIN SES MOTS DE PASSE
Le mot de passe est un outil d’authentification utilisé notamment pour accéder à un équipement numérique et à ses données. Pour bien protéger vos informations, choisissez des mots de passe difficiles à retrouver à l’aide d’outils automatisés ou à deviner par une tierce personne. Choisissez des mots de passe composés si possible de 12 caractères de type différent (majuscules, minuscules, chiffres, caractères spéciaux) n’ayant aucun lien avec vous (nom, date de naissance…) et ne figurant pas dans le dictionnaire.
A défaut, il faut s’en tenir à une solution ayant reçu une certification de premier niveau (CSPN) En entreprise :
- déterminez des règles de choix et de dimensionnement (longueur) des mots de passe et faites les respecter ;
- modifiez toujours les éléments d’authentification (identifiants, mots de passe) définis par défaut sur les équipements (imprimantes, serveurs, box…) ;
- rappelez aux collaborateurs de ne pas conserver les mots de passe dans des fichiers ou sur des post-it ;
- sensibilisez les collaborateurs au fait qu’ils ne doivent pas préenregistrer leurs mots de passe dans les navigateurs, notamment lors de l’utilisation ou la connexion à un ordinateur public ou partagé (salons, déplacements…).
2 / METTRE À JOUR
RÉGULIÈREMENT VOS LOGICIELS
Dans chaque système d’exploitation* (Android, IOS, MacOS, Linux, Windows,…), logiciel ou application, des vulnérabilités existent. Une fois découvertes, elles sont corrigées par les éditeurs qui proposent alors aux utilisateurs* des mises à jour* de sécurité. Sachant que bon nombre d’utilisateurs ne procèdent pas à ces mises à jour, les attaquants exploitent ces vulnérabilités pour mener à bien leurs opérations encore longtemps après leur découverte et leur correction. Il convient donc, au sein de l’entreprise, de mettre en place certaines règles :
- définissez et faites appliquer une politique de mises à jour régulières : » S’il existe un service informatique au sein de l’entreprise, il est chargé de la mise à jour du système d’exploitation et des logiciels ; » S’il n’en existe pas, il appartient aux utilisateurs de faire cette démarche, sous l’autorité du chef d’entreprise.
- configurez vos logiciels pour que les mises à jour de sécurité s’installent automatiquement chaque fois que cela est possible. Sinon, téléchargez les correctifs de sécurité disponibles ;
- utilisez exclusivement les sites Internet officiels des éditeurs.
3 / BIEN CONNAÎTRE
SES UTILISATEURS ET SES PRESTATAIRES
Lorsque vous accédez à votre ordinateur, vous bénéficiez de droits d’utilisation plus ou moins élevés sur celui-ci. On distingue généralement les droits dits « d’utilisateur » et les droits dits « d’administrateur ».
- Dans l’utilisation quotidienne de votre ordinateur (naviguer sur Internet, lire ses courriels, utiliser des logiciels de bureautique, de jeu,…), prenez un compte utilisateur. Il répondra parfaitement à vos besoins.
- Le compte administrateur n’est à utiliser que pour intervenir sur le fonctionnement global de l’ordinateur (gérer des comptes utilisateurs, modifier la politique de sécurité, installer ou mettre à jour des logiciels,…). Les systèmes d’exploitation récents vous permettent d’intervenir facilement sur le fonctionnement global de votre machine sans changer de compte : si vous utilisez un compte utilisateur, le mot de passe administrateur est demandé pour effectuer les manipulations désirées. Le compte administrateur permet d’effectuer d’importantes modifications sur votre ordinateur.
Au sein de l’entreprise :
- réservez l’utilisation au service informatique, si celui-ci existe ;
- dans le cas contraire, protégez-en l’accès, n’ouvrez pour les employés que des comptes utilisateur, n’utilisez pas le compte administrateur pour de la navigation sur Internet ;
- identifiez précisément les différents utilisateurs du système et les privilèges qui leur sont accordés. Tous ne peuvent pas bénéficier de droits d’administrateur ;
- supprimez les comptes anonymes et génériques (stagiaire, contact, presse, etc.). Chaque utilisateur doit être identifié nommément afin de pouvoir relier une action sur le système à un utilisateur ;
- encadrez par des procédures déterminées les arrivées et les départs de personnel pour vous assurer que les droits octroyés sur les systèmes d’information sont appliqués au plus juste et surtout qu’ils sont révoqués lors du départ de la personne.
4 / EFFECTUER DES SAUVEGARDES
RÉGULIÈRES
Pour veiller à la sécurité de vos données, il est vivement conseillé d’effectuer des sauvegardes régulières (quotidiennes ou hebdomadaires par exemple). Vous pourrez alors en disposer suite à un dysfonctionnement de votre système d’exploitation ou à une attaque. Pour sauvegarder vos données, vous pouvez utiliser des supports externes tels qu’un disque dur externe réservé exclusivement à cet usage, ou, à défaut, un CD ou un DVD enregistrable que vous rangerez ensuite dans un lieu éloigné de votre ordinateur, de préférence à l’extérieur de l’entreprise pour éviter que la destruction des données d’origine ne s’accompagne de la destruction de la copie de sauvegarde en cas d’incendie ou d’inondation ou que la copie de sauvegarde ne soit volée en même temps que l’ordinateur contenant les données d’origine. Néanmoins, il est nécessaire d’accorder une attention particulière à la durée de vie de ces supports. Avant d’effectuer des sauvegardes sur des plateformes sur Internet (souvent appelées « cloud » ou « informatique en nuage »), soyez conscient que ces sites de stockage peuvent être la cible d’attaques informatiques et que ces solutions impliquent des risques spécifiques : » risques pour la confidentialité des données, » risques juridiques liés à l’incertitude sur la localisation des données, » risques pour la disponibilité et l’intégrité des données, » risques liés à l’irréversibilité des contrats.
- soyez vigilant en prenant connaissance des conditions générales d’utilisation de ces services. Les contrats proposés dans le cadre des offres génériques ne couvrent généralement pas ces risques ;
- autant que possible, n’hésitez pas à recourir à des spécialistes techniques et juridiques pour la rédaction des contrats personnalisés et appropriés aux enjeux de votre entreprise ;
- veillez à la confidentialité des données en rendant leur lecture impossible à des personnes non autorisées en les chiffrant à l’aide d’un logiciel de chiffrement* avant de les copier dans le « cloud ». Pour en savoir plus, consultez le guide sur l’externalisation et la sécurité des systèmes d’information réalisé par l’ANSSI.
5 / SÉCURISER
L’ACCÈS WI-FI DE VOTRE ENTREPRISE
La borne d’accès à Internet (box) de la boutique de Julie est configurée pour utiliser le chiffrement* WEP. Sans que Julie ne s’en aperçoive, un voisin a réussi en moins de deux minutes, à l’aide d’un logiciel, à déchiffrer la clé de connexion. Il a utilisé ce point d’accès Wi-Fi pour participer à une attaque contre un site Internet gouvernemental. Désormais, Julie est mise en cause dans l’enquête de police.
L’utilisation du Wi-Fi est une pratique attractive. Il ne faut cependant pas oublier qu’un Wi-Fi mal sécurisé peut permettre à des personnes d’intercepter vos données et d’utiliser la connexion Wi-Fi à votre insu pour réaliser des opérations malveillantes malintentionnées. Pour cette raison l’accès à Internet par un point d’accès Wi-Fi est à éviter dans le cadre de l’entreprise : une installation filaire reste plus sécurisée et plus performante. Le Wi-Fi peut parfois être le seul moyen possible d’accéder à Internet, il convient dans ce cas de sécuriser l’accès en configurant votre borne d’accès à Internet. Pour ce faire :
- n’hésitez pas à contacter l’assistance technique de votre fournisseur d’accès*.Les fournisseurs d’accès à Internet vous guident dans cette configuration en vous proposant différentes étapes, durant lesquelles vous appliquerez ces recommandations de sécurité: » au moment de la première connexion de votre ordinateur en Wi-Fi, ouvrez votre navigateur Internet pour configurer votre borne d’accès. L’interface de configuration s’affiche dès l’ouverture du navigateur. Dans cette interface, modifiez l’identifiant de connexion et le mot de passe par défaut qui vous ont été donnés par votre fournisseur d’accès; » dans cette même interface de configuration, que vous pouvez retrouver en tapant l’adresse indiquée par votre fournisseur d’accès, vérifiez que votre borne dispose du protocole de chiffrement WPA2 et activez-le. Sinon, utilisez la version WPA-AES (ne jamais utiliser le chiffrement WEP cassable en quelques minutes) ; » modifiez la clé de connexion par défaut (qui est souvent affichée sur l’étiquette de votre borne d’accès à Internet) par une clé (mot de passe) de plus de 12 caractères de types différents (cf. : 1-Choisissez des mots de passe robustes) ; » ne divulguez votre clé de connexion qu’à des tiers de confiance et changez la régulièrement ; » activez la fonction pare-feu de votre box ; » désactivez votre borne d’accès lorsqu’elle n’est pas utilisée.
n’utilisez pas les Wi-Fi « publics » (réseaux offerts dans les gares, les aéroports ou les hôtels) pour des raisons de sécurité et de confidentialité ; - assurez-vous que votre ordinateur est bien protégé par un antivirus et un pare-feu. (Voir aussi Fiche 7 : Protéger ses données lors d’un déplacement). Si le recours à un service de ce type est la seule solution disponible (lors d’un déplacement, par exemple), il faut s’abstenir d’y faire transiter toute donnée personnelle ou confidentielle (en particulier messages, transactions financières). Enfin, il n’est pas recommandé de laisser vos clients, fournisseurs ou autres tiers se connecter sur votre réseau (Wi-Fi ou filaire).
- préférez avoir recours à une borne d’accès dédiée si vous devez absolument fournir un accès tiers. Ne partagez pas votre connexion.
6 / ÊTRE PRUDENT AVEC
SON SMARTPHONE OU SA TABLETTE
Bien que proposant des services innovants, les ordiphones (smartphones) sont aujourd’hui très peu sécurisés. Il est donc indispensable d’appliquer certaines règles élémentaires de sécurité informatique :
- n’installez que les applications nécessaires et vérifiez à quelles données elles peuvent avoir accès avant de les télécharger (informations géographiques, contacts, appels téléphoniques…). Certaines applications demandent l’accès à des données qui ne sont pas nécessaires à leur fonctionnement, il faut éviter de les installer ;
- en plus du code PIN qui protège votre carte téléphonique, utilisez un schéma ou un mot de passe pour sécuriser l’accès à votre terminal et le configurer pour qu’il se verrouille automatiquement ;
- effectuez des sauvegardes régulières de vos contenus sur un support externe pour pouvoir les conserver en cas de restauration de votre appareil dans son état initial ;
- ne préenregistrez pas vos mots de passe (plus d’informations en fiche 1)
7 / PROTÉGER SES DONNÉES
LORS DE SES DÉPLACEMENTS
L’emploi d’ordinateurs portables, d’ordiphones (smartphones) ou de tablettes facilite les déplacements professionnels ainsi que le transport et l’échange de données. Voyager avec ces appareils nomades fait cependant peser des menaces sur des informations sensibles dont le vol ou la perte auraient des conséquences importantes sur les activités de l’organisation. Il convient de se référer au passeport de conseils aux voyageurs édité par l’ANSSI. Avant de partir en mission
- n’utilisez que du matériel (ordinateur, supports amovibles, téléphone) dédié à la mission, et ne contenant que les données nécessaires ;
- sauvegardez ces données, pour les retrouver en cas de perte ;
- si vous comptez profiter des trajets pour travailler, emportez un filtre de protection écran pour votre ordinateur ;
- apposez un signe distinctif (comme une pastille de couleur) sur vos appareils pour vous assurer qu’il n’y a pas eu d’échange pendant le transport ;
- vérifiez que vos mots de passe ne sont pas préenregistrés. Pendant la mission
- gardez vos appareils, supports et fichiers avec vous, pendant votre voyage comme pendant votre séjour (ne les laissez pas dans un bureau ou un coffre d’hôtel) ;
- désactivez les fonctions Wi-Fi et Bluetooth de vos appareils ;
- retirez la carte SIM et la batterie si vous êtes contraint de vous séparer de votre téléphone ; 24 / GUIDE DES BONNES PRATIQUES DE L’INFORMATIQUE / CGPME-ANSSI
- informez votre entreprise en cas d’inspection ou de saisie de votre matériel par des autorités étrangères ;
- n’utilisez pas les équipements que l’on vous offre si vous ne pouvez pas les faire vérifier par un service de sécurité de confiance ;
- évitez de connecter vos équipements à des postes qui ne sont pas de confiance. Par exemple, si vous avez besoin d’échanger des documents lors d’une présentation commerciale, utilisez une clé USB destinée uniquement à cet usage et effacez ensuite les données avec un logiciel d’effacement sécurisé ;
- refusez la connexion d’équipements appartenant à des tiers à vos propres équipements (ordiphone, clé USB, baladeur…) Après la mission
- effacez l’historique des appels et de navigation ;
- changez les mots de passe que vous avez utilisés pendant le voyage ;
- faites analyser vos équipements après la mission, si vous le pouvez.
- n’utilisez jamais les clés USB qui peuvent vous avoir été offertes lors de vos déplacements (salons, réunions, voyages…) : très prisées des attaquants, elles sont susceptibles de contenir des programmes malveillants.
8 / ÊTRE PRUDENT
LORS DE L’UTILISATION DE SA MESSAGERIE
Les courriels et leurs pièces jointes jouent souvent un rôle central dans la réalisation des attaques informatiques (courriels frauduleux, pièces jointes piégées,etc.). Lorsque vous recevez des courriels, prenez les précautions suivantes :
- l’identité d’un expéditeur n’étant en rien garantie : vérifiez la cohérence entre l’expéditeur présumé et le contenu du message et vérifier son identité. En cas de doute, ne pas hésiter à contacter directement l’émetteur du mail;
- n’ouvrez pas les pièces jointes provenant de destinataires inconnus ou dont le titre ou le format paraissent incohérents avec les fichiers que vous envoient habituellement vos contacts;
- si des liens figurent dans un courriel, passez votre souris dessus avant de cliquer. L’adresse complète du site s’affichera dans la barre d’état du navigateur située en bas à gauche de la fenêtre (à condition de l’avoir préalablement activée). Vous pourrez ainsi en vérifier la cohérence;
- ne répondez jamais par courriel à une demande d’informations personnelles ou confidentielles (ex : code confidentiel et numéro de votre carte bancaire). En effet, des courriels circulent aux couleurs d’institutions comme les Impôts pour récupérer vos données. Il s’agit d’attaques par hameçonnage ou « phishing »* ;
- n’ouvrez pas et ne relayez pas de messages de types chaînes de lettre, appels à la